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Locke and Key (3 saisons)

En famille : partie 1

Série vue avec un enfant de 13 ans. Sa note se situe en bas à droite de l’image.

 

 

 

 Une maison, ses clés et son démon

 

Suite à la mort de leur père après qu’un de ses élèves l’a étrangement abattu, les trois enfants Locke déménagent avec leur mère dans la maison de famille du défunt : « Key House », une immense demeure que n’aurait pas reniée Alfred Hitchcock. Le genre de manoir vieillot impressionnant en taille et donc incroyablement difficile à chauffer si on s’en réfère à la vétusté manifeste des locaux. Dans un premier temps, l’enthousiasme n’est de fait pas franchement au rendez-vous, surtout qu’il faut se refaire des amis et que toute la ville considère comme hantée cette lugubre bâtisse. Bref, le moral est au plus bas. Mais leur vie va prendre une tournure des plus inattendues le jour où Bode, le plus jeune de la fratrie, entame une conversation avec une voix émanant du fonds du puits. Quand plus tard, il retourne sur le lieu qui l’a tant effrayé, celle qui prétend être son écho lui annonce qu’une multitude de clés magiques sont dissimulées un peu partout dans la justement nommée « Key House ». Pour les débusquer, il suffit de prêter attention aux chuchotements qu’elles adressent aux personnes susceptibles de les entendre, à savoir les enfants et les adolescents. Mais après avoir été trompé par Dodge, la femme du puits que Bode contribue à libérer alors qu’il réclamait son aide, lui, son frère Tyler et sa sœur Kinsey prennent rapidement conscience des pouvoirs que ces petites clés joliment forgées recèlent dans leur cœur de métal. Des pouvoirs à ne pas mettre entre toutes les mains tant leur puissance, utilisée à mauvais escient, peut s’avérer destructrice. Or, en quittant l’antre dans lequel il croupissait depuis trop longtemps, le démon à apparence humaine qui se fait appeler Dodge, semble résolu à les posséder à des fins visiblement peu pacifiques. Sans doute les mêmes que celles qui auraient d’ailleurs coûté la vie à leur père. Quoi qu’il en soit, il appartient maintenant aux enfants de la famille de se protéger des dangers que Dodge et ses mauvaises intentions font courir à leur entourage et qui sait, peut-être même au monde dans sa globalité.

 

 

Public visé

 

Tirée de la bande dessinée écrite par Joe Hill (le fils de Stephen King) et illustrée par Gabriel Rodriguez, cette adaptation est une assez bonne surprise. Déjà, le principe des clés et de leurs pouvoirs est assez attrayant. Quelle sera la prochaine ? A quoi donnera-t-elle accès ? Certaines permettent de pénétrer dans la tête des gens pour vivre leurs souvenirs, d’autres de voyager à travers les portes du moment qu’on les a vues au moins une fois... Pour chacune d’elles, la surprise est au rendez-vous et on se demande quel rôle le récit leur réservera. Par ailleurs, leur principe de fonctionnement est parfois assez inventif et nous plonge dans des univers fantasmagoriques assez stimulants même s’ils manquent parfois de caractère. Quant à la narration, elle est suffisamment bien rythmée pour que l’on ne s’ennuie jamais. Les enfants et adolescents prendront donc plaisir à s’identifier aux trois héros de cette histoire et à vivre pleinement leurs aventures : leurs premiers émois amoureux, leurs relations aux amis et à la famille... Les adultes, en revanche, seront un peu mis sur la touche par une intrigue qui les rend imperméables à la magie. Ils la voient, contemplent ses effets et l’oublient, comme rattrapés par le pragmatisme de leur condition. Englués dans les préoccupation quotidiennes, ils se voient privés d’un univers intérieur où le surnaturel a pourtant sa place. En séparant le monde en deux catégories distinctes (comme certains avant elle l’avaient partagé entre ceux qui tiennent le pistolet et ceux qui creusent), la série s’adresse avant tout à celle qui a les capacités d’agir sur le cours de son histoire.

 

 

Des clés pour une porte d’entrée

 

Et cela se ressent aussi sur le développement narratif de l’ensemble, très (trop) stéréotypé. Il y a les méchants d’un côté et les gentils qui tentent de s’opposer à eux comme ils le peuvent, avec par-ci par là quelques surprises bienvenues, notamment lors d’une dernière saison qui parvient à incorporer dans son récit les très risquées remontées dans le temps. Mission périlleuse mais assez sobrement réussie dans la mesure où elles n’emberlificotent pas le scénario outre mesure. Tout cela se laisse donc regarder sans déplaisir même si le dénouement, long « happy end » indigent de presque une heure, vient confirmer l’impression dérangeante que les auteurs n’ont rien tenté pour contrarier, ou pour le moins surprendre, leur public. « Locke and Key » a tout de fois le mérite de constituer une porte d’entrée plutôt intéressante vers le fantastique pour un jeune public encore non fourbu par ce type de format scénaristique archi-conventionnel. Elle permet ainsi de s’initier au traitement souvent angoissant attribué à certaines maisons devenues célèbres dans l’histoire du cinéma. Key House ne possède pas le pouvoir anxiogène de certaines de ses consœurs : son aspect coloré, joliment rustique, la rend visuellement moins menaçante que le sombre Bates Motel de « Psychose ». Ses occupants ne possèdent pas non plus la capacité de nuisance de ceux qui occupent la résidence du 112 Ocean avenue de la petite bourgade d’« Amytiville ». Et même si son allure et ses alentours comportent quelques similitudes avec le manoir de « les Innocents » de Jack Clayton, vivre au sein de Key House demeure assurément moins traumatisant. Mais, de ces demeures mythiques, elle en donne un avant goût fort sympathique.

 

 

Soyons indulgents

 

Bref, sans être addictive ou novatrice, les grands enfants trouveront donc leur compte devant cette production très « netflixienne » sur la forme mais suffisamment divertissante pour se laisser porter. (Merci en cela aux différentes clés qui viennent ludiquement l’enrichir). Mais elle constitue également une introduction plaisante à des œuvres plus originales, complexes et intrigantes qui peupleront peut-être l’imaginaire de nos chères petites têtes blondes d’ici quelques années.

 

Disponible sur Netflix

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