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Russian Doll

Mourir encore et toujours

 

Nadia, une juive new-yorkaise, fête son anniversaire dans l’appartement d’une de ses copines avec un grand nombre d’invités qu’elle ne semble pas très bien connaître. Et elle semble s’en ficher un peu. Elle se fiche un peu de tout d’ailleurs, à part de son chat qui a disparu. Cette « bobo » trentenaire ne fait pas très attention aux autres ni à elle-même. Elle fume comme un sapeur, aime la fête, ne croit en aucune religion, tient fermement à son célibat, se demande jusqu’à quel âge elle pourra suivre ce rythme et tout cela semble la contenter. Elle n’est pas méchante mais vit pour elle sans attache ni contrainte en dehors de son boulot d’informaticienne. Elle quitte ensuite la soirée pour passer du bon temps avec un homme et va chercher son chat disparu. Mais chemin faisant, elle se fait percuter par une voiture et meurt aussitôt… Elle se retrouve alors dans la salle de bain de l’appartement où se fête son anniversaire… Et c’est le début d’une suite incalculable de morts à répétition qui la renvoient systématiquement au même endroit !

 

 

De l'humour

 

Nous voilà donc nous-mêmes condamnés à revivre le film « un jour sans fin ». Et en effet, le principe est le même, sauf qu’ici, il faut mourir pour repartir à zéro. Mais rassurez-vous, si vous n’avez pas aimé le film, vous pourrez tout de même apprécier« Russian Doll » car le ton et l’ambiance qui s’en dégagent sont très différents. Si similitude il y a, il réside surtout dans le charisme apporté dans les deux cas par l’acteur principal. Ici donc, à défaut de Bill Murray, on retrouve Natasha Lyonne (vue dans « Orange is a new black ») qui brille dans l’interprétation de cette Nadia haute en couleur. Sa démarche de garçon manqué, sa voix rauque, ses répliques cinglantes et cyniques assénées la clope au bec sont un pur régal. A cela s’ajoute cet humour de situation simple mais terriblement efficace résumé à cette question: quelles morts nous réserve-t-elle encore ? Celles-ci sont distillées sur les 8 épisodes avec un réel esprit comique (pour la plupart car quelques autres sortent littéralement de ce registre). On sent bien que les auteurs s’en sont donnés à cœur joie et la mécanique devient assez jubilatoire !

 

 

Mais pourquoi ?

 

 

Mais cela fait moins rire Nadia qui va logiquement mener son enquête pour élucider la raison de ce calvaire. Et celle-ci est vraiment bien faite avec un personnage qui arrivera en milieu de saison et compliquera la situation tout en apportant les clés de sa résolution. Alors, nous aussi, on cherche à comprendre et on émet des hypothèses. Et comme dans « un jour sans fin », la voie réside avant tout dans l’évolution psychologique des personnages. C’est judicieux car il aurait été dommage de ne pas s’intéresser aux failles d’une héroïne aussi croustillante. On accédera donc petit-à-petit à ce qui fait que Nadia est ce qu’elle est. Chaque boucle temporelle viendra compléter le puzzle de sa vie et son personnage gagnera en épaisseur au fil des épisodes. On en arrive donc à une histoire où le fond justifie la forme et où l’humain est au centre d’une narration qui a sa structure imposée.

 

 

Des genres variés

 

Mais les auteurs, toujours soucieux de briser la monotonie de leur jouet, ont aussi eu l’intelligence de rajouter du fantastique, voire de l’horreur, dans certaines séquences. Cela permet de varier les tonalités de l’ensemble et comme le fantastique fait partie du postulat de départ, ils auraient eu tort de se priver ! Et même si sa justification semble un peu tirée par les cheveux, son utilisation n’est pas gratuite et apporte des éléments intéressants au récit. De même, il fallait trouver une issue cohérente à la mécanique mise en place. Et en cela, le dernier épisode s’avère inventif et finalement assez poétique.

 

 

Une légèreté assumée

 

On pourra reprocher à la série un manque de profondeur et c’est vrai qu’elle se veut avant tout divertissante. Mais elle est aussi pleine de fraîcheur et parfaitement équilibrée en plus d’être une ode à la vie et à l’entraide. Portée par sa formidable actrice au bagou phénoménal, elle n’oublie pas non plus de traiter finement la psychologie de ses personnages grâce à des dialogues succulents, à une mise en scène précise de son procédé stylistique et à une narration cohérente. Au final, dès que vous entendrez la petite musique pianotée, signe d’une énième renaissance, vous vous demanderez quel chemin sera pris lors ce nouveau chapitre ! Et en plus, la bande son est super. « Sweet birthday baby ! »

 

Disponible sur Netflix.

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