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This is us (saison 5)

La famille Pearson

 

Bienvenue dans ce 5ème et avant-dernier opus consacré à la famille Pearson. Vous ne connaissez pas la famille Pearson car vous avez oublié de regarder les 4 premières saisons ? Petit rappel.

 

Tout démarre de Jack et Rebecca, parents heureux de trois enfants : Randall, Kate et Kevin. Cependant, ces derniers ne sont pas des enfants comme les autres puisque ce sont… des triplés. La trame narrative principale de « This is us » s’intéresse donc au vécu contemporain de ces 3 enfants pas ordinaires à l’aube de leur quarantième année. Chaque épisode traite ainsi des obstacles que la vie leur impose et qui nuisent plus ou moins fortement à leur épanouissement. Ils sont donc amenés à se poser des questions que chacun de nous a déjà éprouvées. Qui sont-ils ? Quels événements ont participé à leur construction ? Quel avenir projettent-ils pour eux-mêmes et leur famille ? Et dans chaque cas, ces problématiques d’adultes qui ont un jour été des enfants, sont mises en parallèle avec les événements marquants de leur jeunesse. Le puzzle de leur vie se reconstruit donc sous nos yeux, de la rencontre de Jack et Rebecca jusqu’à nos jours. Et il faut bien reconnaître que grâce à de belles performances d’acteurs et des dialogues aux petits oignons, les leçons de vie pleines de tendresse qui en découlaient faisaient souvent mouche. Avant le visionnage de ce 5ème chapitre, le plaisir de retrouver les Pearson était donc bien réel !

 

 

Trop ancrée dans notre réalité

 

Le début de cette nouvelle saison nous plonge illico dans la réalité de notre monde : le Covid est partout et le masque de rigueur. Pour ancrer un peu plus la série dans la réalité, l’affaire Georges Floyd sert de point d’ancrage pour évoquer la question raciale à travers le personnage de Randall. Mais cette initiative sort le spectateur de la fiction dans lequel il était jusque là plongé. De plus, les propos qu’elle évoquait jusqu’alors perdent leur universalité. Et, plus grave, on a tout à coup le sentiment qu’elle adopte involontairement les mécanismes d’une série que nous autres français connaissons bien : « Plus belle la vie » ! Dire que ce n’est pas un compliment est un euphémisme. Heureusement, après ce qui ressemble plus à un coup de communication maladroite, la situation se stabilise et si le Covid reste en toile de fond et impacte la vie de certains, il passe rapidement en arrière-plan. De même, la question raciale s’étoffe petit-à-petit et devient un arc narratif plus consistant.

 

 

De l’ennui

 

Malgré cela, durant toute la première partie, on s’ennuie ferme malgré quelques jolies scènes. La série brillait jusque là par sa faculté insolente à se maintenir en un équilibre qu’une faille dans l’écriture des dialogues ou dans le jeu des acteurs pouvait briser, la plongeant inéluctablement dans la mièvrerie. Mais hormis quelques temps faibles, cela n’a pratiquement jamais été le cas. On arrivait à en oublier que quelques années de psychanalyse n’auraient peut-être pas suffi au commun des mortels pour atteindre le degré de sagesse et d’empathie auxquels accèdent les personnages. Or, en ce début de saison, on attend en vain que l’ensemble des éléments constitutifs du récit fasse honneur à leur sensibilité tant les péripéties sont inintéressantes…. On a pour le coup le sentiment que les auteurs n’ont plus grand-chose à nous raconter et qu’ils s’appuient sur de maigres ficelles scénaristiques pour garder notre attention.

 

 

Ça ne fonctionne plus

 

Mais malheureusement, même celles-ci sont mal utilisées. En effet, les scénaristes avaient jusque là pris un malin plaisir à parsemer le récit d’indices qui n’étaient parfois que des fausses pistes. De même, « This is us » a toujours eu ce don de faire resurgir du passé des êtres dont l’existence nous était inconnue jusqu’alors ou que l’on croyait disparus. Dans les deux cas, l’effet de surprise était de mise et celui-ci s’avérait souvent assez malin et efficace. Mais à trop vouloir exploiter un filon qui avait jusque-là contribué au charme des quatre premières saisons, la série se caricature et perd largement en crédibilité… On en vient à soupirer devant cette répétition de mécanismes mal exploités flirtant parfois avec le grotesque. Au final, il aurait été plus judicieux de faire preuve d’humilité en évitant d’injecter maladroitement des pétards mouillés dans le récit et d’ajouter de nouvelles pièces dispensables à un puzzle qui n’en avait aucunement besoin...

 

 

De beaux moments

 

Ainsi, pendant longtemps, on sera à la recherche d’émotions anciennement éprouvées. Certes, il y a bien ces deux parenthèses (épisodes 6 et 11) pleines de tendresse nous racontant la vie passée de proches de la famille. Mais c’est vraiment sur le tard que l’on retrouve en partie l’intensité originelle de « This is us ». La relation impliquant Beth et sa mère est très touchante et le personnage de Randall se détache clairement du peloton, son charisme rassurant et ses paroles pleines de sagesse nous réchauffant enfin le cœur. Kévin, toujours aussi sensible, est un peu en retrait, perdu qu’il est dans ses questionnements paternels. Quant à Kate et son air trop souvent contrit, elle reste le personnage le moins convaincant de cette histoire, Toby (son mari) lui volant souvent la vedette.

 

 

Un épisode magnifique

 

Vient enfin l’épisode tant attendu de la confrontation entre Randall et Kevin. 40 minutes d’une justesse d’écriture quasi-parfaite ! Ou comment traiter de la repentance et du pardon avec brio en plus d’évoquer l’adoption et le fait d’avoir grandi en tant que noir dans un milieu blanc. Sur le fond encore, l’histoire parallèle entre les deux jeunes hommes illustre parfaitement le propos. Sur la forme, pas de musique superflue. Juste une conversation avec le désir profond de se faire entendre. Sans conteste l’un des plus beaux épisodes de la série... Mais qui ne peut à lui tout seul compenser les faiblesses évoquées précédemment.

 

 

 

Bilan

 

Dans l’ensemble, la note proposée ici paraît donc généreuse, mais cette saison n’est vraiment pas représentative de la qualité générale de cette saga familiale de très bonne facture. Aux auteurs de nous prouver maintenant qu’il s’agit ici d’un accident. Et si le dernier opus parvenait à rectifier le tir, sûr qu’ils seront largement pardonnés !

 

Disponible sur Prime Video

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