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Unorthodox

 Etsy a 19 ans et vit à Brooklyn. Originaire de la communauté juive ultra-orthodoxe hassidique, elle a été élevée par sa grand-mère et sa tante. Dans ce milieu très religieux, toute forme de technologie est interdite. En tant que femme, elle ne peut prétendre ni à des études ni s’adonner à sa passion : la musique. Déjà mariée, elle décide de fuir pour Berlin où vit sa mère qui a elle-même quitté la communauté quand Etsy était petite. Son mari, accompagné de son cousin repenti, est alors missionné pour faire entendre raison à Etsy et la ramener dans le giron communautaire.

 

La description surannée de la communauté hassidique est habile et on sent bien que cette reconstitution minutieuse a été très travaillée. Cette manière de vivre moyenâgeuse où la religion régit tout, nous est montrée sans manichéisme. Les hommes, sûrs du patriarcat qui régit leurs lois, ne sont pas de mauvais bougres et les femmes sont aussi garantes de la continuité des traditions. Elle n’explique cependant aucune des différentes coutumes exposées et se contente juste de les retranscrire.

 

 

En revanche, la suite allemande pose problème. Comment une jeune femme qui a subi une telle éducation peut-elle s’intégrer aussi rapidement dans ce monde aux mœurs si antagonistes de ceux qu’elle a connus jusqu’alors ? Montrer les doutes et les difficultés que pourraient rencontrer Etsy dans ce choc des cultures n’était visiblement pas la priorité de ces 4 épisodes. Mais son environnement s’avérera tellement positif et bienveillant avec elle qu’il donnera à penser que l’altruisme, la liberté et le mérite seraient les principales caractéristiques de notre société occidentale. Il paraît au final regrettable que les auteurs aient réussi à dépeindre une communauté complexe dans son fonctionnement sans jugement moral pour ensuite porter aux nues notre système de valeurs sans aucune nuance.

 

 

De plus, certains ressorts narratifs sont mal ficelés. Il est par exemple maladroit d’amorcer un semblant de thriller pour qu’au final, celui-ci ne s’avère être qu’un pétard mouillé. Et il y a cette scène musicale censée transcender l’héritage culturel d’Etsy pour en faire une force. Mais à cause d’une mauvaise postsynchronisation et de son côté surjouée, aucun frisson ne se dégage de cette séquence malgré la volonté des auteurs de nous faire partager l’émotion du public brièvement filmé à cette intention.

 

 

Alors oui, il y a quelques beaux moments dans « unorthodox » comme la baignade d’Etsy qui reprend une des traditions de sa communauté d’origine et la détourne symboliquement. On a aussi beaucoup loué la performance d’actrice de Shira Haas qui incarne ce petit bout de femme. C’est assez justifié mais c’est bien Amit Rahav dans le rôle du mari qui fera vivre aux spectateurs les plus belles émotions nées de la complexité de sa situation. Ce fidèle des traditions, venu récupérer la femme qu’il aime, veut aussi son bonheur et le désarroi qui l’anime dans cette quête est palpable et troublant. Enfin ! Car pour le reste, malgré un début prometteur qui ne remplacera pas un bon documentaire sur le sujet, on aura bien du mal à croire en ce conte de fée occidental qui agace quand il est sensé nous émouvoir.

 

Disponible sur Netflix.

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