· 

sharp objects

C’est l’histoire d’une jeune journaliste, Camille Preaker (jouée par l’excellente Amy Adams), tout juste sortie de l’hôpital psychiatrique, qui écrit pour un journal local. Son chef la charge alors de retourner dans sa ville natale pour enquêter sur le meurtre de 2 jeunes filles. Oh non, encore une histoire de meurtre avec enquête et tout le toutim ? Oui car il y a eu des crimes non résolus. Non car l’intérêt de la série est surtout ailleurs. En effet, dans cette charmante bourgade vivent la mère, le beau-père et la demi-sœur de Camille. Et pour cette raison, Camille ne veut pas y aller. Mais alors pas du tout.

 

 

Et on comprend vite pourquoi. Quelle est cette bourgade où les jeunes filles toutes vêtues de jupettes font du patin à roulettes sur des allées désertes ? Cette drôle d’atmosphère tout droit sortie de « Virgin suicides » nous interpelle. De plus, la demi-sœur de Camille (Amma) fait partie de ces cheerleaders sur roulettes. Mi-enfantine, mi-démoniaque, on a rarement ressenti un tel malaise à la vue d’une adolescente blonde dans une robe rose fleurie jouant avec sa maison de poupée.

 

 

De surcroît, la mère de ces 2 jeunes femmes dirige son monde dans une demeure bourgeoise accompagnée d’un mari qui n’a comme occupation que l’écoute de musique classique dans son matériel hi-fi luxueux. L’ aversion de cette femme glaçante pour sa fille Camille est manifeste à l’inverse de l’affection qu’elle semble avoir pour Amma. Il faudra donc pour Camille tenter de résoudre le meurtre de ces adolescentes tout en essayant de ne pas sombrer face aux vieux démons familiaux auxquels elle devra se confronter à nouveau.

 

 

Tout d’abord, il est à noter la cohérence narrative de cette histoire. Et quand on sait que celle-ci est adaptée d’un livre, on comprend mieux pourquoi. Il y a donc ici une trame que l'on qualifiera de littéraire ce qui est sans conteste un atout important.

 

 

La mise en scène de « Sharp objects » est brillante, retranscrivant un univers glacial et inquiétant centré sur 3 femmes hantées par la toxicité de leurs liens. Les hommes, eux, seront des acteurs passifs du drame qui les entoure. Pour accentuer le trouble, des codes horrifiques parsèment la narration de manière intelligente et ajoutent au malaise (qui est donc cette dame blanche qui rôde autour de la ville?). Nous assistons donc lors de ces 8 épisodes suffocants à la mise en lumière de jeux relationnels où la violence omniprésente est toujours dissimulée dans un climat aseptisé. Le seul véritable moment de violence physique sera brutal et hantera longtemps le spectateur tant ce passage fugace contraste avec l’univers vaporeux de l’ensemble. On peut détester « sharp objects » pour l’expérience éprouvante qu’elle nous fait vivre. On devient nous-mêmes prisonniers de cette atmosphère toxique et envoûtante tout en sachant que comme les personnages de l’histoire, on en ressortira lessivé et abasourdi.

 

 

Recommandation : après la fin du dernier épisode, il ne faut ABSOLUMENT PAS ÉTEINDRE LA TÉLÉ. Un élément non négligeable apparaîtra durant le générique final. Le rater est interdit !

 

 

En conclusion, « Sharp objects » est une mini-série parfaite tant au niveau de la réalisation, du jeu des actrices (terrifiante Patricia Clarkson), de l’atmosphère unique qui s’en dégage et de son récit sans faille et tranchant.

 

Disponible sur OCS


Écrire commentaire

Commentaires: 0